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Le pinson, symbole du printemps parce qu'il niche au mois de mai,
accompagne de son chant sonore les amants jusqu'à leur dernière demeure.
I
Ils étaient du même village,
Ils s'aimaient tous deux tendrement.
De s'unir par le mariage,
Tous deux s'étaient fait le serment.
Le Gars, travailleur énergique
Comme son père était mineur ;
Elle, ouvrière de fabrique,
Pour tout bien n'avait que l'honneur.
Elle était jeune et belle ;
Il était grand et fort ;
Chacun se les rappelle
"Les Fiancés du Nord". (bis)
II
Quand ils passaient devant l'Eglise,
Tous les deux relevaient leurs fronts.
Lui, murmurait à sa promise :
"C'est là que nous nous marierons"
"Si tu veux, Pierre", ajoutait-elle,
"Ce sera pour le mois de Mai ;
Mois où la nature est belle,
Où tout dans l'air est embaumé".
"Si tu veux", disait Pierre,
En l'embrassant bien fort !
Qu'ils étaient beaux naguère,
Les Fiancés du Nord !
III
Avril vit la fin de leur rêve,
Adieu, les beaux jours sont finis !
Voici, soudain, qu'un vent de grève
A soufflé sur tout le pays !
L'homme, l'enfant, même la femme,
Fatigués de trop durs labeurs,
S'arrêtent, et chacun réclame
Les justes droits des travailleurs.
Dans ces jours de tristesse
Que leur importe l'or ?
L'amour est la richesse
Des Fiancés du Nord !
IV
Il rayonnait comme une aurore,
Le premier jour du mois des fleurs ;
Ce jour où la France déplore
Le plus grand de tous les malheurs !
Devant l'église, dans la foule
Ils étaient dans les premiers rangs !
La poudre parle ! le sang coule !
Et tous deux tombent expirants !
O sinistre hécatombe
Que chacun pleure encor,
Les voilà dans la tombe,
Les Fiancés du Nord !
V
Le lendemain, la foule entière,
Suivant les parents en grand deuil,
Accompagnait au cimetière
Ceux qu'avait unis le cercueil.
Les pinsons à la voix sonore
Roucoulaient des sons éclatants,
Et partout on voyait éclore,
Les premières fleurs du printemps !
Elle était jeune et belle ;
Il était grand et fort.
Chacun se les rappelle,
Les Fiancés du Nord.
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