L'eau, ressource essentielle

Bon à savoir: Conflits autour de la gestion de l'eau, le projet controversé du barrage de Sivens (Tarn)

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Le conflit autour du barrage de Sivens est arrivé jusque dans les lycées parisiens, sous la forme de blocages organisés pour protester contre les violences policières, en référence à la mort sur le site du projet du jeune manifestant écologiste Rémi Fraisse. Comment un conflit de l'eau devient-il un enjeu politique?

 

Site, situation et présence de l'eau.

Nous sommes dans le Sud-Ouest de la France, au pied du Massif central, dans le bassin versant de la Garonne. Le Tescou, qui doit recevoir le barrage, est un affluent du Tarn. Il prend sa source dans les coteaux sud-ouest du Massif central. Le bassin du Tarn, pour des raisons à la fois climatiques et géologiques, connaît des sécheresses inter-annuelles qui sont à l'origine du projet de barrage. Les agriculteurs, pratiquent l'élevage bovin ainsi que diverses cultures irriguées, notamment celle du maïs pour l'alimentation du bétail. L'agriculture est en difficulté, avec une diminution du nombre d'exploitations et un recul de certaines cultures (élevage, cultures irriguées).

Le site du barrage, qui se trouve dans la commune de Lisle-sur-Tarn, est un espace boisé, la forêt de Sivens, réputé pour son paysage (1). C'est également une ZAD (zone d'aménagement différé - voir Glossaire -) avant de devenir, pour les opposants au barrage, une "zone à défendre" (visiter le site du collectif Zone à défendre, créé par les opposants à la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes). C'est en effet une zone humide (voir Glossaire) abritant plus de 80 espèces animales protégées et quinze espèces végétales rares (2).   

 

Conflits d'intérêt et d'usage, et les citoyens dans tout ça?

La contestation se cristallise autour de trois enjeux. 

Le premier est le conflit d'intérêt, souligné par les opposants au barrage: les élus locaux (au conseil général, aux mairies) et des représentants des usagers au sein de l'Agence de l'eau (voir glossaire) sont également des acteurs économiques. Certains sont agriculteurs, d'autres occupent des fonctions dans la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (CAGC), société d'économie mixte (dont le capital est en partie détenu par le département), qui est en charge des études de faisabilité et de la construction du barrage. 

Le second enjeu est le conflit d'usage de l'espace. Les opposants au barrage mettent en avant le paysage et l'écosystème. Les acteurs favorables au barrage sont certains agriculteurs (entre une vingtaine et une quarantaine d'exploitants selon les sources) qui ont besoin d'eau pour irriguer leurs cultures.

Le troisième enjeu concerne le type d'agriculture pratiquée: agriculture intensive irriguée ou une agriculture qui propose des modèles alternatifs présentés comme plus respectueux de l'environnement (3). Cet enjeu recoupe une ligne de division du paysage syndical, entre la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et la Confédération paysanne.  

Les trois enjeux sont traversés par une problématique commune: celle de la démocratie. La présence des mêmes acteurs dans les instances démocratiques et dans le secteur économique pose d'abord la question de l'indépendance de la décision politique. Ensuite, si la majorité des élus au conseil général sont favorables au barrage, il y a une mobilisation citoyenne importante contre le projet, représentée notamment par le Collectif du Testet et par le collectif Tant qu'il y aura des bouilles, qui réunissent différentes organisations, notamment écologistes. Les avis défavorables se sont notamment exprimés avec force lors de l'enquête publique préalable (4). Or les opposants au projet s'appuient sur divers avis d'experts (5) qui insistent sur l'impact environnemental du barrage. Se pose donc la question de la participation des citoyens à la prise de décision, sachant que la population du département n'a pas été directement consultée.

Les arbitres du conflits peuvent être réunis dans deux catégories. La première renvoie au pouvoir politique, acteur complexe parce que ses intérêts ne sont pas totalement indépendants du conflit en jeu. C'est ce qu'illustrent notamment les difficultés de la force publique et du gouvernement, confrontés à la mort d'un manifestant et à la médiatisation de cet événement, renvoyé par une partie de l'opinion publique aux violences policières voire à la question de la raison d'Etat.

La seconde catégorie pourrait renvoyer justement à l'opinion publique, représentée notamment par les médias, qui couvrent abondamment le sujet, en particulier depuis la mort de Rémi Fraisse. Mais quelle réalité cette catégorie recouvre-t-elle? En effet l'information sur les événements est à la fois surabondante et pas toujours tout à fait transparente. Par ailleurs, les acteurs s'accusent mutuellement de mensonge, de violence et d'atteinte à l'ordre public. Derrière un simple conflit de l'eau, on peut lire, à Sivens, une controverse sur ce que doit être notre société, notamment dans son rapport à l'environnement et à la production de richesse, et notre démocratie.

Pour retrouver les documents du cours

-Vidéo Les inégalités d'accès à l'eau dans le monde sur le site de France TV Education.

-Carte mondiale des disponibilités en eau douce sur le site du centre d'information sur l'eau (tout en bas de la page).

-Carte des précipitations dans le monde, sur le site Alertes-meteo.com.

-La carte des températures moyennes en décembre et en août, sur le site Cosmovisions.com

-Carte des régions climatiques dans le monde, sur le site Alertes-meteo.com 

-Vidéo L'eau potable entre dans le village d'Esse Zogbedji, au Togo, sur le site de l'Unicef.

-Carte interactive de l'UNICEF et de l'OMS de l'accès à l'eau potable dans le monde.

Pour approfondir

-Le site du Centre d'information sur l'eau fournit des informations récentes sur les ressources, la consommation d'eau dans le monde et leur évolution. Il propose aussi un espace pédagogique intitulé "L'apprentissage de l'eau", consacré aux usages et comprenant des cours, des fiches pédagogiques et des enquêtes. La rubrique "L'eau dans ma ville" renvoie aussi bien aux questions de gestion de l'eau qu'à des enjeux citoyens.

 

-Sur le site du CNRS, dossier L'eau douce, une ressource précieuse. Si les données concernant la consommation d'eau et son évolution sont un peu datées, le site est une mine d'informations sur les propriétés de l'eau, sa présence sur la planète, ses usages et sa gestion. Le glossaire est à la fois simple d'accès et très complet.

 

-On trouve un article sur les inégalités d'accès à l'eau dans le monde, sur le site de l'Observatoire des inégalités.

 

-L'article "88% d'accès à l'eau potable dans le monde: objectif atteint", sur le site de l'Unicef, fait référence à un des 8 Objectifs du millénaire pour le développement. La page propose également un lien vers une carte interactive permettant d'obtenir le taux d'accès à une source améliorée d'eau potable, à une installation sanitaire améliorée ou à l'eau courante.

 

-On peut aussi consulter la page "Eau" du FAO et le Système d'information mondiale sur l'eau et l'agriculture (Aquastat, une base de données du FAO).

 

-Le site des Agences de l'eau propose, sur sa page pédagogique, un certain nombre de ressources destinées aux enfants et aux élèves. 


-Le site d'Eau France, permet de trouver des informations sur l'eau et les milieux aquatiques et sur leur gestion sur le territoire français.

Notes

1-Lucien Lacoste, "un ancien du pays", dans un article paru dans la Gazette du pays des Tescou's, écrit: "Il était une fois dans la commune de Lisle-sur-Tarn, le long de la rivière du Tescou, une magnifique petite vallée, située entre Bongen et Barrat. Les touristes qui la découvrent l'appellent "la petit Suisse"". 

2-Voir la présentation de la zone humide par le collectif Testet.

3-Voir les propositions de solutions alternatives au barrage sur le site du Collectif du Testet.

4-Dont on peut trouver les conclusions sur le site de la préfecture du Tarn-et-Garonne.

5-On trouve différents documents sur le site du collectif du Testet. On peut aussi lire, sur le site de la préfecture du Tarn, le rapport commandé par le Ministère de l'environnement au Conseil général de l'environnement et du développement durable. 


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