Y a-t-il un lien entre densité de peuplement et attractivité?
Pour répondre à cette question, nous allons confronter une carte des départements les plus peuplés à une carte des migrations résidentielles annuelles entre 2003 et 2008.
Les départements les plus densément peuplés
Sans surprise, les départements les plus peuplés sont :
-ceux des grandes aires urbaines (voir Glossaire)
-ceux qui se trouvent en situation littorale
-ceux qui se trouvent sur l'espace correspondant à la mégalopole européenne (départements de l'Est et du Nord de la France).
Les moins peuplés coïncident avec la diagonale aride et les massifs montagneux.
A l'échelle départementale, on perd, par rapport à la carte de l'exercice précédent, établie à l'échelle des communes, la distinction, au sein d'un même département, entre l'espace littoral (plus peuplé) et l'intérieur et entre la grande (ou les grandes) agglomération(s) et le reste du département. On voit moins nettement la fonction des grands cours d'eau comme axes d'installation de la population.
Néanmoins, cette échelle permet d'aborder l'analyse du peuplement (voir Glossaire) dans sa dimension administrative: les pouvoirs publics peuvent intervenir sur les dynamiques de peuplement en développant l'activité. En effet, les hommes d'installent là où ils peuvent subvenir à leurs besoins, c'est-à-dire là où il y a de l'emploi et où le coût de la vie est en adéquation avec leurs revenus.
Quels départements attirent de nouveaux résidents?
Les départements qui attirent sont ceux du Sud et de l'Ouest tandis que, de manière très nette, les départements du Nord-Est attirent peu, voire perdent de la population. La région Île-de-France, en dehors de la Seine-et-Marne, perd de la population. Les régions les plus attractives sont les littoraux et le Sud.
Ces dynamiques s'expliquent d'abord par l'histoire de l'implantation des activités. En effet, le Nord-Est de la France s'est très fortement développé pendant le premier âge industriel (fin du XVIIIè s.-milieu du XIXè s.) autour de l'extraction minière (minerai de fer, transformé en acier grâce à des hauts-fourneaux chauffés au charbon de terre) et à l'industrie textile (dont la mécanisation s'appuie sur la vapeur produite par la combustion du charbon).
A partir des années 1960, l'épuisement des gisements miniers et la concurrence des pays du tiers-monde (qu'on appelle aujourd'hui les Suds économiques) font entrer le Nord-Est en crise. Les industries automobiles et d'équipement ainsi que les activités de raffinage des hydrocarbures qui se sont développées à partir du milieu du XIXè s. sont elles aussi entrées en crise à la fin des années 1960, en raison de la concurrence du tiers-monde.
Plus largement, à partir du milieu du XXè s., la France (comme l'ensemble des pays riches) a connu une mutation économique: elle est passée à une économie de type tertiaire (dominée par les services et le commerce). Cette mutation s'est accompagnée d'un phénomène de désindustrialisation (forte diminution de la part des activités industrielles dans l'économie) et de développement d'une nouvelle industrie dite "de pointe" ou "hi-tech" ou "à très forte valeur ajoutée", qui fonctionne sur la base d'une coopération constante entre industrie et recherche.
Cette nouvelle industrie hi-tech s'est implantée loin des centres anciens du Nord-Est, privilégiant l'Ouest et le Sud. En sont emblématiques la technopole la plus ancienne de France, Sophia Antipolis (près de Nice) et le développement autour de Toulouse de l'activité aéronautique et aérospatiale.
Le Sud et l'Ouest bénéficient de deux atouts: la forte disponibilité en espace (qui rend les terrains moins chers), l'ensoleillement (on appelle héliotropisme l'attraction exercée par un climat doux et ensoleillé) et la proximité des espaces récréatifs les plus recherchés que sont la mer et la montagne.
Mais l'Ouest et le Sud n'attirent pas seulement les salariés de l'industrie de pointe, mais aussi les retraités, à la recherche d'environnements à la fois urbains (pour les facilités liées aux transports et aux soins), calmes (petites villes de province), peu coûteux (en prix de l'immobiliser et en coût de la vie) et au climat modéré.
Un dernier élément explique la répartition de la population: la recherche d'environnements de qualité, qui expliquent la désertion de la plus grande partie de l'Île de France et abordables en termes de coûts de l'immobiliser. C'est sans doute ce qui explique que la Seine-et-Marne gagne de la population: ce département, encore très rural mais bien relié à Paris (A6 et RER), reste moins cher que les Yvelines ou l'Essonne.
Quel rapport entre densité et attractivité?
Pour répondre à notre question de départ, il semblerait que les Français fuient les espaces de peuplement le plus dense pour rechercher des espaces nouveaux. Notez que parmi les départements qui
ont un taux important de migrations résidentielles se trouvent les départements du Sud de la diagonale aride. Cela peut s'expliquer à la fois par l'attraction exercée par le développement des
activités hi-tech autour de cette métropole (voir Glossaire) et par la possibilité d'acquérir, dans cette région d'agriculture plutôt
pauvre, des terrains et des logements abordables tout en profitant d'un cadre naturel agréable.
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