Alexandrie d’Égypte, une ville cosmopolite






Monnaies romaines du IIè s. ap. J-C représentant le phare d'Alexandrie.

By Ginolerinho/Wikimedia [CC BY-SA 3.0]

Alexandrie d'Egypte, une des nombreuses villes fondées par Alexandre le Grand, est née en 331 av. J-C.

Port principal et capitale (à partir de la fin du IVè s.) de l'Egypte lagide, gouvernée par la dynastie des Ptolémée (305-30 av. J-C), Alexandrie est une ville cosmopolite et un point de rencontre entre l'Afrique, l'Asie et le monde grec puis romain, rencontre marquée par le découpage de son espace urbain en quartiers égyptien, juif et grec mais surtout par les syncrétisme culturels et religieux dont elle est le centre.

Une des plus grandes villes de l'Antiquité, elle compte à son apogée, au Ier s. av. J-C, près d'un million d'habitants.

Alexandrie est aussi une ville de légende: le phare (qui tire son nom de l'île de Pharos), une des 7 merveilles du monde, la bibliothèque et le palais, engloutis par les flots, subsistent dans la mémoire collective comme des traces d'une splendeur disparue.

Naissance et mort d'une capitale hellénistique

La légende veut qu'Alexandre, après s'être fait couronner pharaon à Memphis en 331, ait choisi l'emplacement de sa ville égyptienne à la suite d'un songe dans lequel le poète Homère lui suggérait l'île de Pharos. Il en confia la conception à son architecte Dinocratès de Rhodes.

Jusqu'à l'arrivée d'Alexandre, le seul port égyptien ouvert aux marchands grecs était Naucratis, à 70 kilomètres au Sud-est, sur la même branche du Nil (appelée branche canopique, aujourd'hui disparue). Alexandrie fut installée sur le seul point rocheux du Delta occidental du Nil. Cette partie du littoral, essentiellement sableuse, marécageuse, exposée à la houle et difficile d'accès en raison de la présence de récifs dangereux pour la navigation, était principalement occupée par des villages de pêcheurs et de bergers, en arrière de la côte. Le site de la nouvelle ville était en outre éloigné du Nil, ce qui rendait difficile l'approvisionnement en eau. C'est donc à l'écart de l'Egypte pharaonique qu'Alexandre installe sa ville, appelée pour cette raison "Alexandrie près de l'Egypte" par les contemporains.

Alexandre, reparti pour l'Orient au bout de quelques mois, n'en vit pas la fin de la construction. La légende veut que son corps y eût été enterré, mais l'emplacement du tombeau n'a pas été retrouvé.

Ptolémée I Sôter, successeur d'Alexandre et fondateur de la dynastie des Lagides, décida d'installer sa capitale à Alexandrie. C'est ce qui permit à la ville de devenir le principal centre politique, économique et culturel d'Egypte.

C'est la conquête romaine de l'Egypte qui mit fin à la splendeur alexandrine. La ville était passée sous influence romaine au IIè s. av. J-C, mais c'est sous le règne de Cléopâtre, 26è pharaon de la dynastie Lagide, que l'Egypte fut conquise par les romains. Cléopâtre, détrônée par son frère, avait fait appel au consul romain Jules César. En incendiant la flotte alexandrine en 47, ce dernier avait d'ailleurs détruit une partie importante de la ville. Après la mort de César en 44, Cléopâtre été devenue l'amante du général Pompée, qui l'avait mise à la tête d'un vaste empire asiatique. Mais en 31, après sa victoire à la bataille navale d'Actium, Octave (futur Auguste), fils adoptif de César, conquit l'Egypte et en fit une province romaine.

Un berceau de civilisation

















Ptolémée II en pharaon, devant l'entrée de la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie.

By Néfermaât/Wikimedia [CC BY-SA 2.5]

On parle de civilisation alexandrine comme on parle de civilisation athénienne ou de civilisation romaine. Par là, on désigne le fait que la ville d'Alexandrie a donné naissance à et diffusé des éléments culturels, politiques et économiques qui lui sont propres.

Cette civilisation alexandrine se caractérise d'abord par son ouverture vers l'extérieur. C'est en s'inspirant du philosophe athénien d'origine macédonienne, Aristote, qu'Alexandre a créé la ville. Or Aristote estimait qu'une ville devait avoir une situation côtière. Pour lui, les communications mettant en contact l'intérieur (le continent) et le large (la mer), étaient essentielles.

C'est en prenant en considération cette importance capitale de la circulation qu'Alexandre a créé, avec l'aide de Dinocratès, un plan en damier. L'axe Est-Ouest qui structure la ville, bloquée au Nord par le lac Mareotis, est la voie Canopique. C'est aussi d'Aristote que s'inspire Alexandre en prévoyant l'adduction d'eau vers la ville et l'emplacement en hauteur des temples.

Les monuments de la ville reproduisent ceux de la cité grecque, et notamment athénienne. Au départ de la bibliothèque d'Alexandrie se trouvait en effet le Museion, sanctuaire dédié aux muses, sur le modèle de celui qui se trouvait à Athènes, sur la colline de l'Helicon. Quand au phare, construit au début du IIIè s., d'une hauteur probable de 135 mètres, il serait l'oeuvre du mathématicien grec Euclide ou de ses élèves.

Mais c'est le syncrétisme greco-égyptien qui fait l'originalité de la civilisation alexandrine. En effet, les Ptolémée adoptent, dans les manifestations de leur pouvoir politique, culturel et religieux, des éléments de la culture et de la religion égyptiennes. En témoignent notamment les colosses retrouvés dans les eaux et qui ornaient, d'après les archéologues, l'entrée du phare. En effet, il s'agirait des statues de Ptolémée II et de sa reine Arsinoé figurés, l'un en pharaon coiffé de la couronne de Haute et Basse-Egypte et l'autre en Isis (une des principales divinités égyptiennes). Le dieu Sérapis, dont le culte est développé par Ptolémée Ier est un autre témoin de ce syncrétisme: il est la fusion du dieu grec des Enfers Hadès, du taureau sacré Apis et du dieu Osiris, tous deux liés, dans la religion égyptienne, aux thèmes de la mort et de la résurrection.

Pour approfondir

-Pour plus de détails sur la fondation d'Alexandrie et son histoire sous l'Antiquité, visitez l'article Alexandrie du site Antikforever. Vous trouverez également sur ce site une fiche sur la dynastie des Ptolémée. Lisez aussi l'article d'André Bernard, "La folle aventure de la fondation d'Alexandrie" (octobre 2000), sur le site Clio.fr.

-Découvrez sur le site du ministère de la Culture les recherches archéologiques menées depuis les années 1990 autour du phare d'Alexandrie. Complétez avec la vidéo présentant les recherches de J-Y Empereur sur le site de l'INA. Sur le site de l'IEASM, vous trouverez des renseignements sur les recherches menées sur le Grand port.

Sur les colosses du Phare, consultez l'article du site Inria sur la reconstitution en 3D des statues.

Mais surtout, allez voir l'exposition Osiris, mystères engloutis d'Egypte, à l'IMA (Paris).

-Enfin, retrouvez l'ancienne bibliothèque d'Alexandrie sur le site Clio la muse. Profitez-en pour lire sur le site de l'Académie des beaux-arts l'article sur les origines grecques du musée (L. Harambourg, "Origines du musée").


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