Les Français dans le monde, de nouvelles mobilités

De plus en plus de Français font le choix de vivre à l'étranger. C'est le ministère des Affaires étrangères qui comptabilise les Français expatriés, c'est-à-dire installés de manière temporaire ou permanente hors des frontières nationales. En effet, ces derniers peuvent s'inscrire au registre des Français établis hors de France.

 

Mais attention, les Français établis hors de France représentent une population de plus en plus hétérogène. Beaucoup sont des Français partis travailler plus ou moins longtemps à l'étranger. D'autres, nés à l'étranger avec la nationalité française, vivent de façon permanente dans un autre pays que la France ou sont retournés y vivre après un séjour en France. C'est le cas des binationaux, qui possèdent à la fois a nationalité de leur pays d'origine et la nationalité française.  Environ 1,7 millions d'expatriés sont dans ce cas.

 

Il y a 2 à 2,5 millions d'expatriés français dans le monde et ce nombre est en augmentation régulière sans que l'on puisse parler d'une fuite massive (il se situe entre 2 et 4% sur les dernières années). Malgré tout, la proportion d'expatriés augmente plus vite que la population française (0,6% par an). 

Les binationaux représentent près d'un expatrié sur quatre (42%).

 

Une logique de proximité géographique et culturelle

La majorité des expatriés français vivent dans des pays occidentaux (73,1% de l'ensemble des expatriés), en particulier européens (49,4%). Les pays de l'Union européenne sont nettement prédominants (37% de l'ensemble des expatriés). La Suisse, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et l'Allemagne sont les 5 premiers pays d'accueil (4 expatriés français sur 10 vivent dans l'un de ces 5 pays). 

 

Pour résumer, les expatriés français s'installent dans des pays proches culturellement et géographiquement. On peut même affirmer que l'expatriation des Français dans les pays de l'UE contribue au développement d'un sentiment d'appartenance européen. Les pays frontaliers (Suisse, Belgique, Luxembourg, Monaco) offrent aux Français une fiscalité plus avantageuse, des prix plus intéressants, des salaires plus élevés, sans partir trop loin.

 

Les pays du Maghreb, figurent parmi les 16 premiers pays d'expatriation française. Cela s'exprime à la fois par leur proximité géographique et les liens forts tissés avec la France en rapport avec le passé colonial, mais aussi parce que de nombreux expatriés inscrits au registre sont des binationaux. Enfin, de plus en plus de retraités choisissent d'aller s'installer dans ces pays où la vie est comparativement moins chère. 

 

Les pays émergents attirent de plus en plus, en raison de leur situation de forte croissance économique: pays pétroliers de la péninsule Arabique (Emirats, Qatar), pays d'Asie pacifique. L'Australie également voit fortement augmenter ses expatriés français, par un effet de mode.

Des actifs hyperqualifiés

Près de 60% des expatriés sont âgés de 18 à 60 ans, c'est-à-dire qu'ils sont en âge de travailler.

Du point de vue des sexes, la population des expatriés inscrits au registre est équilibrée et reproduit la structure de la population métropolitaine (50,2% de femmes).

 

Les expatriés inscrits au registre sont des travailleurs hyperqualifiés. Ils sont en effet nettement plus diplômés que la moyenne de la population. En France, 13% de la population active est sans diplôme, 30% a un diplôme inférieur au bac, 20% un diplôme de niveau bac et 37% un diplôme supérieur (dont 21% supérieur ou égal à bac+3). Une enquête menée dans la population expatriée a montré que plus de la moitié des participants avait un niveau supérieur ou égal à Bac+4. Pour résumer, un diplôme élevé facilite la mobilité professionnelle internationale.

 

Les expatriés sont par ailleurs mieux payés: plus de la moitié gagnent plus de 30 000 euros nets par an alors que le salaire médian en France est d'environ 21 000 euros (médian veut dire que la moitié de la population gagne plus de 21 000 euros et l'autre moitié moins de 21 000 euros). Le travail est d'ailleurs la première motivation des Français qui choisissent de s'expatrier: intérêt du poste, augmentation de salaire, opportunité d'évolution de carrière. 

D'autres raisons, plus personnelles, peuvent motiver l'expatriation: découverte culturelle, envie d'apprendre une langue...

 

1/4 des Français à l'étranger travaillent dans les services, mais on les retrouve aussi principalement dans le domaine de l'éducation et de l'industrie. D'autres travaillent dans les administrations publiques (ambassades notamment) et les organisations internationales. 

Une population en pleine mutation

Lisez l'article de Maryline Baumard, "A l'étranger, des expatriés français plus nombreux et plus aventureux", Lemonde.fr, 12/02/2015. Cet article s'intéresse à la mutation actuelle de la population des Français établis hors de France. L'auteur montre en fait qu'au profil classique de l'expatrié, celui que nous avons montré plus haut, s'ajoute aujourd'hui un nouveau profil, celui de l'aventurier. Alors que jusqu'ici, les Français étaient surtout des salariés des entreprises françaises installée à l'étranger, les aventuriers viennent tenter leur chance par eux-mêmes, en particulier dans les pays émergents. Ils fondent leur propre entreprise, généralement dans le secteur en plein développement des services. 

 

Les jeunes, qui partent vivre quelques mois à l'étranger, imposent également de nouvelles destinations, comme l'Australie. Ce pays, qui échappe relativement à la crise économique de la fin des années 2000, attire à la fois par son haut niveau de vie, son offre de travail, mais aussi son cadre de vie et les possibilités de loisirs qu'il offre. Mais c'est surtout l'Australie qui a créé une offre d'expatriation en mettant en place des visas vacances-travail d'un an destinés aux jeunes de 18 à 30 ans. Pour approfondir ce point, lisez l'article de Sandrine Dauphin, "Les Français installés en Australie", Informations sociales, 3/2012 (n°171), p. 128-131.

Pour approfondir


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